Longus, Daphnis et Chloé, parution originale entre le milieu du IIe et le milieu du IIIe siècle, traduit du grec par Romain Brethes.
Au début de l’histoire, un berger trouve un bébé allaité par une chèvre et décide de l’élever comme son fils, Daphnis. Et un autre berger trouve une bébé allaitée par une brebis et décide de l’élever comme sa fille, Chloé. C’est l’histoire de Daphnis et Chloé.
(Je peux vous dire qu’on n’a pas attendu le XIXe siècle pour relever le défi du roman sur rien, car ces deux-là s’aiment au début et à la fin et rien ne les sépare.)
Ils sont purs et innocents (contrairement au lecteur) et ils ignorent tout de l’Amour (contrairement à…), qu’il s’agisse du sentiment, car même s’ils éprouvent un attachement plus fort chaque jour l’un pour l’autre, ils n’ont lu aucun roman ou poésie élégiaque (contrairement à la lectrice), encore que Daphnis maîtrise bien les récits mythologiques, ou qu’il s’agisse du volet physique de l’affaire (contrairement à qui vous savez), car, à l'inverse de ce que l’on peut penser, l’exemple des chèvres et des boucs n’est pas totalement probant.
Chloé n’attendit pas davantage. Elle avait été séduite par ce compliment, certes, mais elle désirait embrasser Daphnis depuis si longtemps qu’elle bondit pour lui donner un baiser – un baiser de novice, un baiser sans artifice, mais tout à fait suffisant pour enflammer une âme. (…) Daphnis, lui, semblait avoir reçu une morsure plutôt qu’un baiser, et il offrit très vite un visage morose : il frissonnait souvent, essayait de réfréner son cœur qui s’emballait, et ne voulait pas regarder Chloré, car lorsqu’il la regardait, il rougissait.
Tout l’enjeu du roman consiste donc à raconter comment Daphnis et Chloé qui s’aiment depuis toujours sans le savoir réussiront à découvrir l’Amour. Le second enjeu repose entièrement sur le décalage entre nos héros et le lecteur, qui est invité à sourire malicieusement devant leur ignorance et à aimer ces êtres si innocents. Rien n’empêche le lecteur de rêver également à un supposé paradis perdu et à une ignorance qui a l'air si douce et aimable.
Vous me direz que tout cela est bien mince et vous vous tromperez lourdement. Le roman se lit avec grand plaisir, car, malgré tout, les rebondissements ne manquent pas. Des pirates et des imbéciles montrent quand même leur bout de nez. Toutefois, le grand rôle est tenu par les chèvres et les brebis (et aussi les vaches) – c’est pastoral, vous dit-on – ainsi que par la syrinx, c’est-à-dire la flûte de Pan dont le son résonne à toutes les pages.
Pan, marbre, 2e siècle ap. J-C, Musée du Capitole |
Callirhoé de Chariton dont je garde un bon souvenir, de roman romanesque d’aventure et d’amour.
Les Éphésiaques de Xénophon d’Éphèse, oubliable à mon avis.
Le Satiricon de Pétrone, mais oui, un classique à lire.
Leucippé et Clitophon ( ???) d’Achille Tatius dont je n’ai aucun souvenir. Et d'ailleurs je n'ai même pas rédigé de billet.
L'Âne d'or d'Apulée : un chef d'oeuvre
Et il me reste encore un roman ! Affaire à suivre.